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Travailler le vivant


Chloé Jeanne travaille le vivant. Ou pour mieux dire, elle travaille avec le vivant, parce que son approche à la matière organique, n’est pas celle anthropocentrique de la domination et de la maîtrise des éléments, mais celle de la connaissance et de la compréhension, humble, curieuse et méthodique du langage silencieux des êtres. Ses installations et ses sculptures se révèlent être un hommage à l’humus de Donna J. Haraway*: le monde palpitant des facteurs biotiques et abiotiques qui fertilisent la vie sur notre planète.

Dans son atelier-laboratoire, Chloé Jeanne cultive le mycélium, les champignons, les moisissures, le blob, le scoby avec le respect d’une observatrice attentionnée qui dialogue en harmonie avec un écosystème où tout communique. Dans sa pratique, la notion de processus est centrale. Elle est illustrée par le choix du terme poïétique qui qualifie l’étude des processus de création en art. Faire pousser son matériau, pouvoir lui donner forme, être à l’écoute de ses besoins, en connaître les qualités et faiblesses, tous ces éléments créent une relation intime entre l’artiste et la matière.

Une technique complexe nécessaire pour créer l’environnement le plus adapté, pour voir s’expanser, et ensuite se figer en sculpture les organismes vivants avec qui elle collabore pour inviter le spectateur à interroger sa posture et à se (re)connecter sensiblement aux éléments qui l’entourent. Un premier pas pour comprendre que l’existence même de notre espèce est intrinsèquement apparentée et interdépendante d’une quantité insoupçonnée d’autres êtres qui cohabitent, se transforment et s’adaptent de façon osmotique pour que la vie continue à exister.

Dans cette recherche à la fois scientifique et plastique, Chloé Jeanne travaille en étroite collaboration avec d’autres experts, soucieuse de pouvoir saisir la globalité des éléments qui pourront restituer dans l’oeuvre une expérience immersive et multisensorielle, où les spectateurs pourront découvrir les phénomènes de transformation la manière dont la matière interagit et s’intègre avec l’environnement à proximité.

Tous les sens sont interpellés : regarder de près le dépôt des spores des champignons, inhaler les senteurs de la fragrance du mycélium et redécouvrir des sensations familières, percevoir l’altération de la texture des cristaux.

La grande qualité des oeuvres de Chloé Jeanne est de mettre en exergue les mécanismes qui animent notre vivant, les mettre en valeur et laisser les lois de la nature opérer simplement dans les meilleures conditions, avec un regard fin et un équilibre esthétique tout à fait singulier.



Marianna De Marzi



* Donna J. Haraway, Vivre avec le trouble, Vaulx-en-Velin, Les éditions des mondes à faire, 2020. Traduction de l’anglais (États-Unis) : Vivien García. Titre original : Staying with the Trouble : Making Kin in the Chthulucene, Durham et Londres, Duke University Press, 2016.










par  Anne-Sophie Hojlo 13 juin 2022, revue le Nez


CHLOÉ JEANNE : EXPÉRIENCES DU VIVANT


Pauline Lisowski, avril 2022
AAAR

Impact Art News
Tendance : Les Nouveaux Druides


Alice Audouin et Pauline Lisowsk, Juin 2021


Marion Mayer
La Croix
2021


L’art au fil du vivant


Jérôme Diacre, Entretien avec Chloé Jeanne
Revue Laura N°27, Pages 4-7.
2020


Formes organiques et poésies sensorielles

Remarques sur le travail artistique de Chloé Jeanne
Jérôme Diacre, 2019


Entretien avec Chloé Jeanne


Propos recueillis par Ludovic Duhem, 2018

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